Communiqué des frichards exilés sur le parking de la Friche RVI (Lyon)

Dans la nuit du diman­che 19 décem­bre, un incen­die a ravagé 2000 des 34000 m2 attri­bués à la Friche RVI. Personne ne connait pour l’ins­tant les causes de cet incen­die mais ce sont moins les causes qui nous inté­res­sent ici que ses consé­quen­ces immé­dia­tes. Dès l’arri­vée des pom­piers, le site s’est trouvé cir­cons­crit par la police, inter­di­sant aux usa­gers et usa­gè­res du lieu toute entrée en dehors des horai­res aléa­toi­res prévus par la pro­cé­dure de sécu­ri­sa­tion (avec obli­ga­tion de four­nir son iden­tité). Le com­por­te­ment de la police envers les fri­chards, sous le pré­texte de garan­tir leur sécu­rité, est apparu à tous comme l’admi­nis­tra­tion minu­tieuse d’une énième expul­sion de squat. Ainsi était-il permis aux repré­sen­tants de la mairie d’aller et venir comme bon leur sem­blait, les infor­ma­tions ne nous par­ve­nant à nous, les véri­ta­bles inté­res­sés, qu’au prix de la mise en scène forcée de notre ser­vi­lité. A aucun moment, nous avons res­senti que nous étions trai­tés comme « vic­ti­mes » d’un incen­die, mais bien plutôt comme des rats à chas­ser, et ce plus encore depuis que nous sommes ins­tallé(e)s sur le par­king.

En ces cir­cons­tan­ces, les fri­chards ne sont pas étonné(e)s de voir le Grand Lyon pro­fi­ter ouver­te­ment du sinis­tre pour contour­ner une déci­sion de jus­tice qui n’était pas en sa faveur. Et contrai­re­ment à ce qu’il laisse enten­dre dans son com­mu­ni­qué de presse en date du 22 décem­bre 2010, les usa­gers et usa­gè­res de la Friche le sont par conven­tion offi­cielle. L’ordon­nance en référé pro­noncé par le tri­bu­nal de grande ins­tance de Lyon en date du 8 novem­bre 2010 pré­cise que : « eu égard à la durée de l’occu­pa­tion depuis juillet 2004 des locaux mis à dis­po­si­tion et à l’absence d’infor­ma­tion sur les pro­jets à venir afin que l’occu­pant puisse anti­ci­per la sortie des lieux, à l’ins­tal­la­tion de nom­breux artis­tes dans les lieux, à l’absence de projet de relo­ca­li­sa­tion de leurs acti­vi­tés, à la dif­fi­culté de retrou­ver des locaux, il est jus­ti­fié que la mesure de libé­ra­tion des lieux soit repous­sée de six mois. Ce délai n’appa­rait pas de nature à retar­der l’avan­ce­ment des pro­jets de restruc­tu­ra­tions du site qui n’en sont qu’à la phase d’étude ». Ainsi, le col­lec­tif CFA Friche RVI est en droit de pour­sui­vre ses acti­vi­tés sur le site jusqu’au 8 mai 2011.

Si tous ceux et celles qui sont ins­tallé(e)s dans des condi­tions pré­cai­res sur le par­king ne son­gent pas à se rendre sur le fameux site de Lamartine, pro­posé par la Mairie depuis plu­sieurs mois comme la seule relo­ca­li­sa­tion pos­si­ble, c’est que ce der­nier n’a jamais concerné qu’une mino­rité de fri­chards. Du fait de sa taille réduite (3500m2) et des cri­tè­res de sélec­tion impo­sés pour y accé­der (consis­tant peu ou prou, par leur appli­ca­tion, à reje­ter toute pro­duc­tion artis­ti­que qui ne puisse être label­li­sa­ble et ren­ta­ble économiquement), il n’a jamais été en mesure de répon­dre à la néces­sité de relo­ca­li­sa­tion de l’ensem­ble des acti­vi­tés du col­lec­tif. C’est d’ailleurs ce qu’avait noti­fié le pré­si­dent du tri­bu­nal de grande ins­tance de Lyon en accor­dant six mois de délai, censés per­met­tre à la Mairie de faire une pro­po­si­tion décente au col­lec­tif, lors du procès en référé en date du 18 octo­bre 2010.

A ce jour, nous n’atten­dons plus grand chose de la Mairie et du Grand Lyon. Pour ce qui est de la sécu­ri­sa­tion du lieu, le col­lec­tif CFA Friche RVI s’en est acquitté depuis 8 ans avec une cer­taine réus­site et consi­dère de ce fait qu’il est en mesure de pour­sui­vre cette sécu­ri­sa­tion, quand bien même 1/16e de la Friche serait jugée inu­ti­li­sa­ble. Dans tous les cas, nous pour­sui­vrons le geste initié par la créa­tion de la Friche RVI en juillet 2004, en dis­po­sant des espa­ces à notre mesure, en auto­gé­rant nos acti­vi­tés, comme nous le fai­sons main­te­nant sur le par­king et bien­tôt à nou­veau dans la Friche ou au sein d’un autre lieu…

Depuis le par­king de la Friche RVI, Lyon, 24 décem­bre 2010.


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